Construction-consolidation relationnelle par le partage de moments significatifs et riches à vivre ensemble

Des échanges qui se sont menés par écrit et en vidéo sur le groupe, il m’est apparu plutôt consensuel que l’activité de « construire une relation » consistait en de la communication relationnelle (communication sur les différents aspects de relation), que ce soit avant ou après un moment significatif ensemble.
Récemment, un partenaire et moi sommes tombés d’accord pour dire que certaines activités partagées (autre que de la communication) pouvaient relever de la construction de la relation.

En quel sens ?

Certaines activités nous font nous sentir particulièrement connecté·e à notre partenaire, ou accroissent notre attachement ou notre sentiment de confiance envers ellui, ou encore aboutissent à la création d’un beau souvenir relationnel. Selon les personnalités (que l’on peut percevoir aussi par les cinq langages de l’amour), ces activités importantes peuvent beaucoup varier − en termes de contenu.
Aujourd’hui, je pense qu’elles participent aussi de la construction de la relation, au sens où elles la solidifient, lui donnent de la densité et de la profondeur (« souviens-toi ce que nous avons vécu ensemble »). De plus, parce que généralement, elles accroissent l’attachement entre les partenaires, elles donnent envie de s’investir dans la relation et d’en prendre soin − notamment en termes de qualité de la communication relation.
Enfin, je trouve cette perspective intéressante, parce qu’elle donne du sens à une expérience qui avait été rapportée sur le groupe : une relation avait survécu pendant des mois en reposant uniquement sur de la communication relationnelle − donc sans moment réellement partagé − jusqu’à s’éteindre. J’en ai conclu que la communication relationnelle est nécessaire pour relationner, mais qu’elle n’est pas suffisante. L’autre aliment d’une relation est à trouver dans ces moments significatifs. On peut les caractériser comme des moments où la relation « se vit » (par opposition aux moments où elle se construit), mais programmer, anticiper et réfléchir sur ces moments importants relève de la construction relationnelle pour moi.


Je songe à des objections qui pourraient être faites, et je propose des ajouts en ce sens. Un des aspects de l’AR qui est finalement peu abordé sur le groupe, est le refus de l’escalator relationnel. On désigne par ce dernier une norme (ou un mécanisme acquis par l’éducation ou l’habitude) selon laquelle une relation doit passer par des étapes (premier rendez-vous, premier baiser, premier moment de sexe, présentation aux ami-e-s, puis à la famille, installation en concubinage, etc.). L’AR refuse cet escalator relationnel pour laisser les relations suivre leurs propres dynamiques et leur propre créativité. De ce point de vue, la construction relationnelle par les moments partagés importants doit être vigilante à ne pas reproduire ce fonctionnement par étapes prédéterminées et normées.
Un autre frein à l’AR qui pourrait être suscité par de l’importance donnée à ces moments importants serait de les utiliser non-consciemment pour figer la forme de la relation, au sens où ce qui aurait été vécu servirait à donner une forme à la relation (amicale, amoureuse, platonique, queerplatonique, etc.) qui ensuite limiterait sa dynamique en limitant l’imaginaire de ce qui est possible de vivre dans la relation. Une manière de désamorcer cette possible limitation de l’imaginaire (et des pratiques) au sein de la relation est de refuser de caractériser la nature de la relation (amicale, amoureuse, etc.) ou de ne la caractériser que sur la base de ce qui a été vécu en son sein au cours des deux ou trois dernières semaines. De manière saisissante, une personne avait exprimé dans un échange en ligne qu’elle était vigilante à ne pas s’attacher à l’ »âge d’or » de la relation, au sens d’éviter de chercher à reproduire un événement remarquable, ou une même dynamique ou équilibre appartenant au passé de la relation. Et ce pourrait être un écueil de la construction relationnelle par les moments importants, que de susciter l’envie de reproduire les meilleurs moments dont nous nous souvenons avec chaleur ou nostalgie : cela limiterait les possibilités de changement de la relation. Aussi, il me paraît important à la fois de valoriser ce type de construction (consolidation, densification) relationnelle et d’être conscient des limitations vers lesquelles elle peut conduire.

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