Réflexion, à partir d’une expérience relationnelle, sur le noyau fonctionnel des relations : communication, métacommunication, et communication relationnelle

Une expérience relationnelle m’a donné quelques idées supplémentaires sur ce qui est au centre du bon fonctionnement d’une relation. J’ai fait l’expérience qu’un partenaire a depuis quelques semaines peu de disponibilité pour me répondre, et est par ailleurs dans l’incapacité de me donner une date de quand il sera disponible pour me consacrer du temps. Par moments, il me répond plusieurs messages à la suite, et je retrouve bien la richesse que j’ai vécu jusque là dans nos échanges. Des fois même, il me remercie que je lui rappelle qu’il a oublié de répondre à un de mes messages, et me répond ensuite. Et pourtant, de nouveau ensuite, je revis une période où mes messages sont sans réponse, et je fatigue à l’idée de renvoyer un message pour dire que mes messages sont sans réponse depuis deux ou trois jours. Je tiens à préciser que je ne veux supposer aucune mauvaise volonté de sa part.

Cette situation me donne l’impression de me retrouver pris dans un embouteillage de messages au sein de notre correspondance : si j’ajoute un nouveau message dans la correspondance, je risque d’avoir un nouveau message “orphelin” ; outre que c’est désagréable à vivre pour moi, ça m’ajoute une tâche de penser à rappeler que cet énième message n’a pas eu de réponse. 


J’en tire deux conclusions : 

1 Le ressenti − en tout cas pour moi − d’être en relation faiblit quand je ne peux pas vivre des moments de communication fluide et spontané ; la relation m’apparaît alors de plus en plus abstraite, de plus en plus comme reposant sur une simple déclaration (ce ressenti est indépendant de la bonne volonté de mon partenaire). J’ai donc l’impression que le concept de relation inclut une attente : disposer à un moment à peu près anticipable d’un moment de communication vécu comme fluide et spontané avec lae partenaire. Je précise ce premier point, parce que parfois des personnes déclarent qu’elles n’ont pas d’attente dans leurs relations ; et de cela, je doute.

2 En réfléchissant plus loin, je me rends compte que ce qui me dérange particulièrement dans cette situation, est qu’elle complexifie la communication sur le fonctionnement de la relation. Par exemple, si  je me suis déjà exprimé en message sur comment je vis l’état dans lequel se trouve notre relation, et que je suis déjà en attente d’être entendu sur ce point,  si j’écris de nouveau un message pour renouveler l’expression de mon ressenti sur cet état de la relation, je risque d’accroître mon désir d’obtenir une réponse, alors que c’est le fait d’être entendu et compris dans ce que je vis qui peut entretenir le sentiment d’être en lien avec mon partenaire. En quelque sorte, écrire un nouveau message parlant de la relation elle-même (et non pas un message de conversation anodine) risque d’augmenter, pendant un moment, mon ressenti de ne pas être lien avec mon partenaire et que la relation est fragilisée. Je me retrouve dans une situation où j’ai l’impression de plus pouvoir communiquer au sujet de ce que j’aimerais vivre dans cette relation, et où je ne peux plus discuter de ce qui ce qui serait confortable pour mon partenaire dans cette relation. 

J’en viens à des propositions conceptuelles. J’appelle métacommunication le fait de communiquer sur la manière de communiquer ; par exemple, sur la fréquence des échanges, les envies d’échanges, les moments de disponibilité, la valeur que nous mettons dans la communication. Par ailleurs, j’ai envie d’appeler communication relationnelle tout échange sur un des aspects du fonctionnement d’une relation. La métacommunication est incluse dans la communication relationnelle, au sens où elle en est un des aspects.

J’ai écrit tout ce texte un peu complexe, pour présenter ce qui m’apparaît comme une structure déterminante d’une relation : la communication relationnelle.

Dans un texte proposant un lexique sur les rapports humains, j’associais le statut (ou l’état) d’être-en-relation avec le fait d’avoir exprimé son envie d’être en relation et d’avoir discuté sur les envies, besoins et limites par rapport à cette personne. Je retrouve ici cette idée en proposant de faire de la communication relationnelle le noyau fonctionnel d’une relation : une relation dure aussi longtemps que la communication entre les partenaires offre d’avoir autant de moments de communication relationnelle que requis par l’état de la relation. D’ailleurs, j’ai envie de penser que plus la qualité de la communication est importante dans la relation, plus les moments de communication relationnelle se déroulent de manière fluide, et plus les partenaires se sentent libres et investi·e·s dans la relation, et « chez soi » auprès de leur partenaire.

Complément sur le noyau fonctionnel des relations

Grâce au témoignage de Fanya Saornil Baron, j’ai pris conscience que la communication relationnelle était nécessaire au fonctionnement d’une relation, mais non suffisante à celui-ci. Cette personne a vécu une période de “relation” où son partenaire était très peu disponible pour lui consacrer du temps, mais alimentait volontiers des échanges de type communication relationnelle, de sorte que ces échanges occupaient les quatre cinquièmes du temps passé ensemble. J’en ai déduit que la communication relationnelle peut être un moyen (plus ou moins conscient) de maintenir en « survie artificielle » une relation sans prendre la pleine responsabilité d’une faible envie d’alimenter ou renouveler une relation en cours, et ce jusqu’à ce qu’elle paraisse « mourir d’elle-même ». Celle-ci peut en effet donner l’impression que la personne veut s’investir dans la relation, alors qu’elle peut le faire sans chercher à être intime (parler d’elle, de ce qu’elle vit d’important en ce moment dans sa vie).

Plus tard après cette réflexion sur ce qui est indispensable au bon fonctionnement d’une relation, j’ai identifié un autre élément : la construction-consolidation relationnelle par le partage de moments significatifs.

Je clos ce propos en remerciant de nouveau Fany, ainsi que Florian Briand, pour m’avoir interpellé et conseillé au sujet du choix de dénomination pour la « communication relationnelle ». Les échanges se trouvent ici.

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